Les mots masculins en -ée

Une trentaine de noms masculins, généralement d'un usage peu courant,  se terminent en -ée. Ces noms étaient déjà masculins (ou neutres) dans les langues grecque ou latine. Le e final n'est qu'une trace graphique de la finale latine -um qui a disparu.
  • un androcée (ensemble des étamines - pièces mâles - d'une fleur)
  • un apogée (point où un astre se trouve le plus éloigné de la Terre, et par extension : le plus haut point où une chose puisse arriver) ;
  • un athée (qui nie l'existence de Dieu) ;
  • un athénée (dans l'Antiquité, lieu où les rhéteurs et les philosophes se réunissaient à Athènes ; par analogie : lieu où les savants donnaient des cours publics ; par extension : ces cours mêmes ; aujourd'hui, synonyme de lycée) ;
  • un caducée ;
  • un camée ;
  • un colisée ;
  • un conopée (moustiquaire ; dans un sens liturgique : voile qui recouvre le tabernacle) ;
  • un coryphée (chef de chœur dans le théâtre antique ; grade dans le corps de ballet de l'Opéra de Paris ; personne qui se distingue le plus dans une secte, dans un parti  ou qui, dans un groupe, prend la parole pour les autres) ;
  • un écomusée (musée de plein air) ;
  • un empyrée (dans l'Antiquité et au Moyen Age, c'était la partie la plus élevée du ciel, celle qui été regardée comme le séjour des divinités célestes ou le séjour des bienheureux) ;
  • gynécée (atelier de femmes pour le tissage ; sérail ; en botanique : organes femelles des fleurs) ;
  • un hyménée (mariage) ;
  • un hypogée (construction souterraine destinée à des sépultures) ;
  • un lépidostée (poisson d'eau douce) ;
  • un lépisostée (brochet-lance réputé pour sa chair aphrodisiaque) ;
  • un lycée ;
  • un macchabée ;
  • un mausolée ;
  • un musée ;
  • un nymphée (édifice bâti autour d'une fontaine ou d'un bassin, richement décoré de statues) ;
  • un périgée (point de l'orbite d’une planète où elle est le plus proche de la Terre) ;
  • un périnée (ensemble des tissus entre le sacrum et le coccyx) ;
  • un pongée (tissu léger utilisé pour l'ameublement) ;
  • un propylée (vestibule conduisant à un temple gréco-romain) ;
  • un protée (personne qui change constamment d'apparence, d'attitude ou d'opinion; personne qui joue toutes sortes de rôles, de personnages ; chose qui se présente sous les aspects les plus divers ; en zoologie : amphibien cavernicole ; papillon appelé aussi « azuré des Mouillères ») ; 
  • un prytanée (dans l'Antiquité grecque, édifice public abritant le foyer où brûlait le feu perpétuel, lieu où le peuple invitait à prendre leur repas les personnes qu'il voulait honorer ; sous la première République, maison d'instruction publique ; On appelle encore aujourd’hui Prytanée le Collège militaire de La Flèche) ;
  • un pygmée ;
  • un scarabée ;
  • un sigisbée (chevalier servant) ;
  • un spondée (pied de deux syllabes longues) ;
  • un trochée (pied formé de deux syllabes, une longue et une brève ; à ne pas confondre avec une trochée : bouquet d'arbres réunis par le pied) ;
  • un trophée ;
  • un zée (autre nom du saint-pierre, poisson)


Ouf ! bon nombre de ces mots-pièges sont tout de même d'un usage très très restreint, limitant ainsi les risques de fautes !

Faut-il accorder « ci-joint » ou pas ?

À chaque fois que l'on veut attirer l'attention sur une pièce jointe, la question se pose : faut-il  accorder ci-joint avec le dénominatif qu'il précède ?
Doit-on écrire « Veuillez trouver ci-joint (?) ou ci-joints (?) les documents ultra-confidentiels que j'ai dérobés à mon patron sur Facebook » ?

En vérité, la règle est simple : placé en tête de phrase, ci-joint est invariable.
  • Ci-joint la photo de ma mère.
De même lorsqu'il n'y a pas d'article entre ci-joint et le mot qui le suit. (ci-joint a alors une valeur d'épithète ou d'attribut).
  • Vous trouverez ci-joint facture pour votre commande.
En revanche, ci-joint s'accorde avec le nom qu'il précède s'ils sont séparés par un article.
  • Je vous retourne ci-jointe la lettre reçue.


À NOTER

Cependant la règle reste floue selon que l'auteur a donné à ci-joint valeur d'épithète ou d'adverbe ; ainsi pourra-t-on trouver :
  • Je vous retourne ci-joint la lettre reçue. (pas d'accord car valeur adverbiale)

Qu'en est-il de quand et de quant ?

Quand est tour à tour adverbe ou conjonction.


Adverbe interrogatif sur le moment (passé, présent, futur) ou sur la période (heure, jour, date, époque) quand peut être précédé d'une préposition (à, de, depuis, jusqu'à, pour)
  • Quand est-ce qu'on mange ? (à quel moment ?)
  • À quand le chocolat qui ne fait pas grossir ?
  • De quand date l'invention des lunettes ?
  • Depuis quand es-tu là ?
  • Jusqu'à quand restes-tu ?
  • Pour quand est prévue la sortie du dernier Nothomb ?
Adverbe relatif temporel, quand s'emploie dans des tournures d'indétermination :

  • quand bon vous semble
  • quand il nous plaira
  • quand il le faut 
  • ...

Conjonction de subordination, quand signifie alors de « au moment où, dans le temps que » :

  • Pourquoi faut-il toujours que le téléphone sonne quand je suis sous la douche ?
Quand peut également avoir valeur de causalité (dès lors que, puisque, là où) :
  • Grosminet me fait rire quand Titi le malmène.
Quant à, au, aux est une préposition et signifie « en ce qui concerne » :
  • "Quant à toi, la meilleure chose que tu puisses faire, c'est de hausser les épaules et de dire comme autrefois : tra la la", Lettre à Musset de George Sand

CE QU'IL FAUT RETENIR
  • Quand ? quand signifie lorsque
  • Qu'en ? qu'en est la contraction de que + en
  • Quant ? est une locution suivie de à la, au ou aux

Les adjectifs masculins en -il(e) (prononcer [il])

Les adjectifs masculins en -il(e) (prononcer [il]), mais pas les noms, s'écrivent toujours -ile :
  • adjectifs en -phile (acidophile, ammophile, anémophile, anglophile, basophile, bibliophile, cinéphile, colombophile, cynophv, discophile, entomophile, éosinophile, érectile, francophile, germanophile, géophile, gérontophile, gypsophile, halophile, haltérophile, hémophile, hydrophile, hygrophile, lipophile, lyophile, myrmécophile, neutrophile, nécrophile, nitrophile, pédophile, rhéophile, russophile scatophile, slavophile, spermophile, technophile, termitophile, xénophile, xérophile, zoophile) ;
  • agile ; 
  • antimissile ; 
  • automobile ;
  • axile (qui se rapporte ou est situé sur un axe) ;
  • contractile ;
  • débile ;
  • délébile ;
  • difficile ; 
  • docile ;
  • ductile ;
  • facile ;
  • fébrile ;
  • fertile ;
  • fissile ;
  • fluviatile ;
  • fossile ;
  • fragile ;
  • futile ;
  • géotextile ;
  • gracile ;
  • habile ;
  • hippomobile ;
  • hostile ;
  • imbécile ;
  • immobile ;
  • indélébile ;
  • indocile ;
  • infantile ;
  • infertile ;
  • inhabile ;
  • intactile ;
  • interdécile ;
  • inutile ;
  • juvénile ;
  • labile (qui est sujet à changer, à se transformer) ;
  • locomobile ;
  • malhabile ;
  • mercantile ;
  • mobile ; 
  • nubile ; 
  • préhensile ;
  • protactile ;
  • quartile ;
  • reptile ;
  • rétractile ;
  • saxatile (qui croît ou vit parmi les rochers) ;
  • scissile (qui peut être fendu) ;
  • servile ;
  • sessile (qui n'a pas de pédoncule) ;
  • sénile ;
  • stérile ;
  • subfébrile ; 
  • tactile ;
  • textile ;
  • thermolabile (qui change à la chaleur) ;
  • utile ;
  •  versatile ;
  • vibratile (qui peut vibrer) ;
  • volubile.


sauf :
  • amaril (de la fièvre jaune) ; 
  • bissextil (i.e. : un jour bissextil);
  • civil ;
  • gentil ;
  • incivil ;
  • puéril ;
  • sextil (adj. astronomique & astrologique) ;
  • subtil ;
  • vil ;
  • viril ;
  • volatil (à ne pas confondre avec volatile, l'oiseau).


    Habiter Paris ou habiter à Paris ?

    Que doit-on dire ? « J'habite Paris » ou « j'habite à Paris » ?    Y a-t-il une formule correcte et l'autre fautive ? Ou ont-elles chacune un emploi spécifique ? 

    Georges Perec propose une interprétation possible du verbe habiter dans un emploi intransitif (un verbe intransitif est un verbe qui n'a pas de complément d'objet direct ou indirect et ne s'emploie qu'avec des compléments circonstanciels) : 

    Habiter un lieu

    Habiter une chambre, qu’est-ce que c’est ?
    Habiter un lieu, est-ce se l’approprier ?
    Qu’est-ce que s’approprier un lieu ?
    A partir de quand un lieu devient-il vraiment vôtre ?
    Est-ce quand on a mis à tremper ses trois paires de chaussettes
    dans une bassine de matière plastique rose ?
    Est-ce quand on s’est fait réchauffer des spaghettis
    au-dessus d’un camping-gaz ?
    Est-ce quand on a utilisé tous les cintres dépareillés de l’armoire-penderie ?
    Est-ce quand on a punaisé au mur une vieille carte postale
    représentant le Songe de sainte Ursule de Carpaccio ?
    Est-ce quand on y a éprouvé les affres de l’attente,
    ou les exaltations de la passion,
    ou les tourments de la rage de dents ?
    Est-ce quand on tendu les fenêtres de rideaux à sa convenance,
    et posé les papiers peints, et poncé les parquets ?


    D'aucuns prétendent prétendent encore que habiter à Paris ne signifie rien d'autre qu'être parisien/ne (signification factuelle), tandis que habiter Paris implique un lien émotionnel avec sa ville : j'habite Paris exprime implicitement mon amour et ma fierté pour ma ville.
    Cependant une précision s'impose : habiter un lieu signifie « se trouver dans »« se tenir habituellement », et habiter à  « demeurer », « résider », « rester », « séjourner ».