Une poêlée de paella ?

Comme cela arrive souvent, le plat (ustensile de cuisine) a donné son nom à un plat (le mets). On emploie parfois poêle pour poêlée.
Et la première attestation du mot remonte aux environs de 1150, sous la forme de paielle (dans la chanson de geste Charroi Nîmes, provenant du cycle de Guillaume d'Orange).
La paella fait son apparition dans nos dictionnaires en 1926 sous la forme paelia, puis en 1938 : paëlla, avec un tréma définitivement perdu en 1963. Ces différentes graphies avaient pour but d'aider à la prononciation...
Toujours est-il que la recette née dans la campagne valencienne s'est tout de suite appelée paella (en espagnol dans le texte, s'il vous plaît !) parce que le riz était cuit dans une  grande poêle, mot emprunté au catalan paella (attesté depuis le XIVe siècle) lui-même emprunté à l'ancien français paele (poêle).
Si certains nostalgiques écrivent encore paella avec un tréma, d'autres (à moins qu'il ne s'agisse de la même bande d'irréductibles ?) font appel à leur mémoire reptilienne et troquent l'accent circonflexe de poêle pour, là encore, un tréma... graphie attestée au tout début du XVIIIe siècle, quand on hésitait encore entre poele (sans accent), poële ou poile, pour respecter la prononciation. Finalement, on opta pour poêle (avec un accent circonflexe pour indiquer la labialisation de la voyelle, autrement dit avec un mouvement arrondi des lèvres).
Par ailleurs, qu'il s'agisse de l'ustensile de cuisine (la poêle), de l'appareil de chauffage (le poêle) ou encore du drap funéraire (le poêle, drap noir pour un adulte, blanc pour un enfant, qui recouvre le cercueil lors de la cérémonie mortuaire), poêle s'écrit pareillement. Simple, non ?

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